Jean-Jacques Odier a été le secrétaire pour la Francophonie du Forum International des Communications dès sa création en 1991. Il a accompagné le Président Bernard Margueritte dans de nombreuses expéditions pour mettre en place les conférences du FIC. Au cours des premières années, 28 conférences internationales ont eu lieu sur les cinq continents. Sa vie et ses intérêts couvraient un large éventail. Un proche collaborateur des médias, un Anglais, vivant en Suisse, Andrew Stallybrass écrit comme un ami de longue date.
Jean-Jacques Odier est mort le lundi 19 juin 2017, et ses funérailles ont eu lieu le samedi 24, jour de son 90e anniversaire. Il se décrivait comme le mouton noir de sa famille bancaire genevoise. Après ses études à l'université de Genève, il a choisi de passer le reste de sa vie à travailler sans salaire pour le Réarmement Moral, devenu Initiatives et Changement. Il se lie d'amitié avec des syndicalistes et visite les ouvriers des banlieues industrielles en France. Il écrit des pièces de théâtre, notamment une comédie musicale prophétique intitulée "Pitié pour Clémentine", dans laquelle le Premier Ministre fait appel à un ordinateur pour diriger l'État : les émotions et les faiblesses humaines font un tel gâchis. C'était en 1967 ! Sa pièce sur la vie du pionnier du socialisme français Jean Jaurès a reçu un prix du canton de Genève, mais elle n'a malheureusement jamais été montée.
Il y a eu des années de travail de construction de ponts en France, les questions de vivre ensemble au-delà des différences, le dialogue avec les musulmans, l'établissement de relations avec la police - des questions qui restent terriblement valables aujourd'hui encore.
Avec une petite équipe d'amis et de collègues, il a fondé le magazine "Changer" ; dont il a été le Rédacteur en chef pendant de nombreuses années, qui a été le premier à exprimer de manière authentiquement latine et francophone les idées et l'expérience du RAM. Écrivain incisif et rédacteur parfois exigeant, il a été un mentor attentif pour de nombreux jeunes hommes et femmes dans les domaines de la rédaction, de la correction d'épreuves, de la conception et de la production d'imprimés. Il était un membre engagé du Forum International de la Communication qui se bat pour l'éthique des médias et a aidé à produire leur "engagement de Sarajevo".
Il laisse derrière lui une série de chansons jazzy, étonnantes de la part de quelqu'un qui n'avait aucune formation musicale formelle et qui ne savait même pas lire ou écrire la musique. "Il n'y a pas de petits pays" c'est le titre de sa chanson pour la Suisse, dont le message est que vous êtes aussi petit que vous le pensez. Il a écrit un fascinant mémoire autobiographique et, à la retraite, il a développé ses talents de peintre. Nous sommes fiers de posséder deux peintures à l'huile achetées lors d'une exposition à Ferney-Voltaire, de l'autre côté de la frontière, où ils ont vécu avant de s'installer ici. Et en regardant en arrière, nous pouvons voir peut-être une main aimante ici, car rapidement, une maladie cruelle a été diagnostiquée. Cette longue lutte a lentement privé Jean-Jacques de tout, sauf de son esprit curieux et combatif, de son sens de l'humour, de sa foi et de sa grâce. Il intervient dans des conférences médicales, donnant le point de vue des patients. Il continue à écrire des articles, des courriels et des lettres, grâce à un étonnant programme de reconnaissance vocale qui lui permet de dicter, avec l'aide de pédales, longtemps après avoir perdu l'usage de ses doigts. Il a pris la parole lors de séminaires médicaux, donnant ainsi aux soignants le point de vue indispensable des patients.
Il n'a jamais été remarqué pour sa patience, en particulier avec les ordinateurs. Vous saviez toujours quand la stupide machine avait fait une erreur. Je me souviens lui avoir rendu visite dans sa chambre alors qu'il se débattait avec une lettre à une personnalité politique française, et des blocs de texte apparaissaient en italique rouge. J'ai essayé d'aider, assis moi-même au clavier, et les choses ont radicalement empiré. Il nous a fallu quelques minutes pour comprendre que le programme de reconnaissance vocale essayait désespérément de suivre notre conversation et de comprendre une voix nouvelle et inconnue ! Comme souvent avec Jean-Jacques, nous avons bien ri de nous-mêmes.
Il a supporté sa maladie avec un courage et une grâce immenses. Il était chéri et accompagné de ses deux fils aimants, de leurs épouses et de ses petits-enfants. Et bien sûr par sa bien-aimée Marie-Lise, qui a séjourné dans leur ancien appartement si proche de la maison médicalisée où il a déménagé. Dans son fauteuil roulant électrique d'une vitesse terrifiante, il pouvait filer pour les visites.
Lors de ma dernière visite, la semaine dernière, il m'a posé des questions sur la mort de mon père et ce qu'elle m'avait appris. Il a noté les changements entre sa relation avec ses parents et la façon dont ses petits-enfants lui caressaient maintenant la joue. En partant, j'ai dit « Adieu », adieu, mais aussi en le confiant à Dieu, puis j'ai dit : « À la prochaine fois que nous nous verrons. Ses derniers mots pour moi ont été : "Si ce n'est pas avant !"
Lors des funérailles, par une journée torride, amis et famille se sont réunis pour un dernier adieu. L'église protestante du XVIIe siècle fut l'une des premières construites sur mesure après la Réforme, en amphithéâtre, centré sur la chaire. Marie-Lise a reçu de la force tout au long de la journée; l'une des dernières à entrer dans l'église, elle fit signe à ses amis rassemblés. Les deux fils et le petit-fils aîné ont pris la parole, ainsi que l'actuel patron de la banque familiale, qui s'est adressé directement à Jean-Jacques : « Vous étiez élégant dans votre façon d'être. Tu étais un homme bon. L'oncle qu'on rêve d'avoir. L'église était pleine de fleurs et une généreuse sélection de ses peintures.